Le Trouble Oppositionnel avec Provocation (TOP)
Officiellement, le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM 5) définit le trouble d’opposition avec provocation de la façon suivante :
Un schéma récurrent de comportements négatifs, hostiles et défiant l'autorité, manifesté par au moins quatre des critères suivants pendant au moins six mois, et ils doivent être présents dans au moins un contexte en dehors des relations avec les frères et sœurs :
- Perd souvent son sang-froid, perd le contrôle de sa colère.
- Argumente souvent avec les adultes ou les figures d'autorité.
- Défie souvent activement les règles et demandes, ou refuse de se conformer aux règles et demandes des adultes.
- Cherche souvent à agacer, déranger, provoquer les autres délibérément.
- Blâme souvent les autres pour ses propres erreurs ou mauvais comportements.
- Est souvent facilement agacé, irrité par les autres.
- Est souvent de mauvaise humeur ou rancunier.
- Est souvent méchant ou vindicatif (vengeur).
Il est important de noter que ces critères diagnostiques fournissent un cadre pour évaluer et diagnostiquer le Trouble Oppositionnel avec Provocation (TOP), mais ils doivent être interprétés dans le contexte clinique global de chaque enfant.
Les comportements oppositionnels et provocateurs peuvent être causés par une variété de facteurs, et le diagnostic doit être basé sur une évaluation approfondie de l'historique du développement, du fonctionnement social, académique et familial de l'enfant, ainsi que des symptômes spécifiques observés et de leur cause.
Trouble d’opposition ou comportements d’opposition : La distinction est importante !
Attention chers parents, la grande majorité des enfants décrits comme «difficiles» présentent non pas un TROUBLE OPPOSITIONNEL, mais bien des COMPORTEMENTS D’OPPOSITION. On pourrait expliquer la différence de la façon suivante : Le Trouble Oppositionnel avec Provocation (TOP) serait inné, et ferait partie des traits de la personnalité en développement de l’enfant.
Il s’agit d’un trait de personnalité intrinsèque à l’enfant par lequel il cherche à avoir le contrôle plutôt que de chercher à plaire à l’adulte, ainsi que de traits de personnalité qui lui amèneraient une tendance naturelle à être irritable plutôt qu’enjoué et impatient plutôt que persévérant.
L’enfant qui présente un réel trouble d’opposition ne s’oppose pas de manière impulsive, il s’oppose et provoque de manière réfléchie et planifiée. Il ne blesse pas par accident dans un excès de rage, il blesse de façon délibérée.
Il ne ressent donc pas de remords suite à ses comportements opposants, provocateurs et vengeurs, et ne s’inquiète pas d’avoir brisé son lien avec ses parents puisque cet enfant n’est pas en recherche d’affection et de ce lien parent-enfant, mais bien en recherche de contrôle.
Inversement, lorsqu’on parle d'attitudes d'opposition sans trouble oppositionnel, on évoque plutôt des réactions qui ne sont pas ancrées dans la personnalité ou dans la manière habituelle de réagir de l’enfant, mais qui sont plutôt des réflexes que l’enfant adopte en réponse à quelque chose.
Souvent, ce «quelque chose» génère une détresse ou un mal-être chez l’enfant, ce qui le rend irritable et moins apte à gérer les frustrations de son quotidien. Un enfant pourrait par exemple adopter des comportements d’opposition :
- … en réaction au fait qu’il ressente que ses parents préfèrent ses frères/sœurs qui sont meilleurs à l’école, au hockey ou en piano par exemple. Cet enfant sent qu’il n’arrive pas à faire sa place dans la fratrie, et dans le cœur de ses parents. Il vit une détresse et adopte des comportements désagréables pour être lui aussi vu et entendu.
- … en réaction à des situations de vie difficiles. Par exemple s’il vit de l’intimidation, ou s’il est préoccupé par des conflits entre ses parents, ou s’il vit des échecs sur le plan académique qui minent son estime de soi.
- … parce qu’il vit de l’anxiété et cherche à éviter les situations qui lui génèrent cette anxiété, comme aller à l’école, voir des amis, ou étudier en vue d’un examen.
Les comportements d’opposition (sans trouble d’opposition) peuvent également survenir chez des enfants qui ne possèdent pas la capacité neurologique de filtrer leurs réactions et de gérer leurs montées d’émotions. Les enfants atteints du TDAH ou du Syndrome de Gilles-de-la-Tourette présentent une immaturité des aires frontales de leur cerveau, permettant normalement l’inhibition et l’auto-contrôle.
Leur impulsivité les amène donc à réagir de manière excessive aux frustrations du quotidien, à générer des conflits parfois explosifs, et à poser des gestes ou dire des paroles sous le coup de cette irritation impulsive.
Lorsqu’ils reviennent à la raison, ces enfants s’en veulent, se dévalorisent et s’inquiètent d’avoir brisé leur lien avec leur parent. Ces enfants cherchent à plaire et à avoir un lien fort avec l’adulte, mais ils manquent de contrôle sur leurs excès de fureur.
Voici un tableau récapitulatif de la différence entre le Trouble Oppositionnel avec Provocation (TOP) et les comportements d’opposition découlant d’autres facteurs :
Évaluation et diagnostic
Au CERC, l’évaluation est effectuée par un.e neuropsychologue et comprend les étapes suivantes :
- L’anamnèse : il s’agit d’une rencontre d’une heure permettant de faire une histoire complète du développement et de la situation de vie actuelle de l’enfant ou de l’adulte que nous évaluons. Cette rencontre se déroule habituellement à distance, en visio-conférence.
- L’évaluation : L’évaluation neuropsychologique permet d’évaluer l’intégrité des différentes fonctions du cerveau. Elle se déroule en bureau, sur une journée (5 heures) ou deux demi-journées pour les enfants de moins de 8 ans. La personne évaluée se verra administrée différentes épreuves (adaptées à son âge) mesurant l’ensemble des fonctions cognitives (QI, raisonnement, logique, mémoire, attention / concentration, etc). Souvent, un profil de traits de personnalité et de ressentis émotifs / psycho-affectifs est également dressé afin d’aider le professionnel à bien saisir les différents enjeux à l’œuvre dans le quotidien de la personne évaluée.
- La correction des tests et la rédaction de rapport : Cette portion du travail effectuée par le/la neuropsychologue ou le/la psychologue se fait dans les semaines qui suivent l’évaluation, sans la présence du client. Les résultats de tests administrés sont comparés à des moyennes attendues et permettent de donner un rang centile (rang parmi 100 personnes d’un groupe de référence) aux différentes fonctions cognitives chez la personne évaluée. Un rapport détaillé et illustré de graphiques est produit afin d’expliquer les résultats.
- La séance bilan, ou séance d’explication des résultats : Trois à quatre semaines après l’évaluation, le/la neuropsychologue (ou psychologue) rencontre les parents ou l’adulte évalué, afin d’expliquer les résultats et de remettre une copie du rapport.
Interventions
L’une des interventions les plus efficaces pour la gestion des manifestations d’opposition chez un enfant consiste à outiller les parents pour qu’ils réagissent de manière appropriée face à ces attitudes, ainsi qu'en prévention de telles réactions.
Le coaching parental offert au CERC vise exactement cet objectif. Souvent les parents, sans le vouloir, contribuent à la dynamique d’opposition et/ou amplifient la colère de l’enfant par leurs interventions.
L’idée est de savoir maintenir un cadre et une autorité à la maison, sans pour autant se positionner en adversaire avec nos enfants et entrer dans une dynamique d’argumentation et de crises. Les séances de coaching parental sont offertes par nos neuropsychologues et psychoéducateurs / psychoéducatrices.
Nos professionnels en psychoéducation peuvent également suivre votre enfant afin de l’outiller par exemple, dans la gestion de ses émotions, dans ses capacités à verbaliser ses demandes de la bonne façon, ou dans ses interactions sociales avec ses pairs.