12-18 mois : Au cours de cette période, l’enfant développe un vocabulaire d’une cinquantaine de mots simples, mais il est souvent capable d’en comprendre davantage. L’enfant utilise les mots de façon isolée et utilitaire, parfois pour montrer, souvent pour obtenir quelque chose. La prononciation n’est pas toujours claire et les parents comprennent mieux l’enfant que les étrangers.
18-24 mois : En plus d’utiliser des mots pour demander, l’enfant commence à aimer désigner des objets ou des actions et les montrer en les nommant. Ainsi les mots d’action apparaissent et l’enfant peut combiner deux mots pour s’exprimer. À ses deux ans, le vocabulaire de l’enfant devrait maintenant compter de 200 à 300 mots pour s’exprimer, mais il peut comprendre jusqu’à 1500 mots.
2 à 3 ans : Le développement du langage s’accélère de façon exponentielle au cours de cette période! Ses phrases combinent maintenant 3-4 mots. Surtout, il commence à comprendre et à pouvoir utiliser des notions plus abstraites comme haut-bas, sur-sous, devant-derrière, plus-moins.
Lorsqu’on lui lit des petits livres, l’enfant peut comprendre des histoires simples en faisant des liens entre les idées d’une page à l’autre. Il peut également utiliser des adjectifs pour qualifier les objets et les actions.
Vers 3-4 ans, l’enfant développe énormément son imaginaire et raconte parfois des histoires inventées, des anecdotes sorties de son imagination.
Il converse parfois seul, à voix haute en utilisant des figurines, des poupées ou des toutous. Il comprend des explications de cause à effet, si les explications sont simples et concrètes (ex : « on ne peut pas aller dehors parce qu’il pleut »).
Il comprend les demandes qui contiennent jusqu’à trois caractéristiques (ex : donne moi le gros bloc rouge) ou jusqu’à deux étapes (ex : va dans ta chambre et ramène un pyjama).
4-5 ans : l’enfant a maintenant un vocabulaire de plus de 2000 mots. Il produit des phrases complètes et aime maintenant raconter. Il raconte ce qu’il a vu, ce qu’il a fait, ce qui s’est passé, etc. Il utilise des verbes au passé et au futur.
Souvent à cet âge l’enfant parle beaucoup, voire constamment parce qu’il n’a pas encore internalisé le langage (capacité à se parler dans sa tête). Alors il dit tout haut, tout ce qui lui passe par la tête ! L’enfant de 4-5 ans pose également beaucoup de questions. Il veut apprendre et comprendre.
L’enfant peut comprendre des explications qui justifient nos décisions, mais pourra utiliser un nouvel outil : l’argumentation. L’articulation devrait être claire, bien que certains sons puissent rester plus difficiles à articuler. L’enfant est par ailleurs bien compris par des étrangers lorsqu’il s’exprime.
Le Trouble Développemental du Langage (TDL) – anciennement appelé dysphasie
Un enfant peut présenter un retard dans l’acquisition du langage, retard pouvant affecter sa capacité à s’exprimer (langage expressif), ou sa capacité à comprendre ce qui lui est dit (langage réceptif).
Ces retards peuvent faire partie d’un parcours de développement normal, et dans certains cas, ils peuvent disparaître simplement par la maturation, ou à l’aide d’entraînement et de stimulation, en orthophonie notamment.
Lorsque l’on parle de trouble développemental du langage, on réfère à un trouble qui est persistant, malgré les interventions et malgré une stimulation appropriée. On attend donc généralement vers les âges de 5 ou 6 ans avant de confirmer le diagnostic.
Les 4 critères diagnostiques du DSM-5 pour le trouble développemental du langage sont les suivants :
- Difficultés persistantes d’acquisition et d’utilisation du langage.
Les capacités d’expression orale et/ou de compréhension du langage de l’enfant s’éloignent significativement de la courbe d’apprentissage attendue à son âge. Plus précisément on peut observer :
- Difficultés de prononciation. L’articulation des mots est déficiente, l’enfant est significativement plus difficile à comprendre que la moyenne de ses pairs.
- Retards dans l’acquisition du vocabulaire. L’enfant possède peu de mots, à la fois pour s’exprimer et pour comprendre ce qui lui est dit.
- Difficultés dans la syntaxe, dans l’organisation des phrases. Les phrases sont désorganisées, les verbes et qualificatifs mal accordés. Par exemple on ne comprend pas qui est le sujet de l’action que l’enfant tente d’expliquer.
- Difficultés de narration. Ils peuvent avoir du mal à raconter des histoires de manière cohérente ou à suivre une séquence logique dans leur discours.
- Compréhension limitée du langage. Les enfants avec un trouble du langage peuvent avoir du mal à comprendre les instructions simples, les questions ou les conversations.
- Les difficultés sont significatives et imposent des limitations fonctionnelles à la communication. Par exemple, Les enfants atteints de dysphasie peuvent ressentir de la frustration ou de la colère lorsqu'ils ne parviennent pas à se faire comprendre ou à comprendre les autres. Ils peuvent également avoir du mal à établir des relations avec leurs pairs en raison de leurs difficultés de communication.
- Les difficultés apparaissent dans la période précoce du développement. Il s’agit d’un trouble développemental, donc des signes sont souvent présents dès le plus jeune âge.
- Les difficultés ne sont pas imputables à un déficit auditif, ou à un autre trouble neurologique / sensoriel ou à une autre affection médicale. On pourrait alors parler d’un trouble d’acquisition du langage secondaire à …
Attention aux difficultés de compréhension qui refont surface vers la 4e année
Le trouble développemental du langage est souvent plus évident dans la période préscolaire, parce qu’on constate des difficultés au niveau du langage expressif. Des interventions orthophoniques permettent alors une belle progression au niveau des capacités expressives du langage.
Les difficultés réceptives (la compréhension) sont beaucoup plus difficiles à identifier et à travailler parce qu’on ne sait pas toujours ce que l‘enfant a compris de notre message.
Par exemple, il arrive qu’il ne comprenne pas les consignes émises à un groupe, mais qu’il reste silencieux, observe ce que font les autres jeunes du groupe et reproduise ce qu’il voit pour éviter de dire qu’il n’a pas compris.
Vers la 4e année du primaire (9-10 ans), les consignes données à l’enfant deviennent souvent plus complexes. L’enseignant.e peut commencer à utiliser des métaphores, à donner des explications plus abstraites sur des thèmes plus abstraits.
Le langage utilisé avec les enfants devient plus complexe parce que les enfants de cet âge ont des capacités à faire des liens et comprendre les seconds degrés.
Or il arrive régulièrement que des jeunes ayant présenté un trouble développemental du langage en bas âge, conservent des difficultés réceptives silencieuses et discrètes, qui refont surface vers la 4e année, alors que les complexités de la communication augmentent.
On peut alors croire à tort que l’enfant est inattentif ou démotivé parce qu’il n’écoute pas en classe, alors qu’en fait, il ne comprend pas.
L’évaluation et le diagnostic
Légalement, au Québec, l’évaluation diagnostique du trouble développemental du langage peut être effectuée par les médecins, les psychologues, les neuropsychologues, les orthophonistes et certain.e.s infirmier.ère.s et conseiller.ère.s d’orientation accrédités pour le faire.
Dans les faits, au CERC nous considérons l’orthophoniste comme étant le/la professionnel.le étant le/la mieux outillé.e pour effectuer l’évaluation et poser le diagnostic
Nos neuropsychologues peuvent dépister des signes de trouble du langage oral, mais demanderont souvent une évaluation complémentaire en orthophonie (si aucune n’existe au dossier de l’enfant) afin de conforter leur position diagnostique.
Si l’enfant a précédemment été vu en orthophonie et qu’un rapport d’évaluation existe et nous est acheminé, nos neuropsychologues seront alors en mesure de se prononcer sur le plan diagnostic, en complétant leur analyse avec l’évaluation de l’ensemble des autres fonctions cognitives.
L’évaluation en neuropsychologie permet par ailleurs d’établir ce que l’on appelle le diagnostic différentiel. Les difficultés de langage peuvent être tributaires d’autres troubles sous-jacents, comme un handicap intellectuel (anciennement appelé déficience intellectuelle), un trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou des enjeux psycho-affectifs entraînant un mutisme sélectif.
Une évaluation en audiologie devrait également faire partie du processus diagnostic afin de s’assurer que l’enfant entend bien.
Bien stimuler le langage
Voici quelques trucs à l’attention des parents afin de bien stimuler le développement du langage pendant la période critique de 0 à 5 ans.
- Répondez aux babillages de votre bébé : Lorsque votre bébé commence à babiller, répondez-lui comme si vous étiez en conversation avec lui. Cela l'aide à comprendre le processus de communication.
- Chantez des chansons et récitez des comptines : Les chansons et les comptines sont amusantes et offrent une occasion de jouer avec les sons et les mots. Ils aident également à renforcer la mémoire et la compréhension linguistique.
- Lisez des livres ensemble : La lecture est l'un des moyens les plus efficaces de stimuler le développement du langage chez les jeunes enfants. Choisissez une variété de livres adaptés à leur âge et lisez-leur régulièrement. Encouragez votre enfant à poser des questions sur l'histoire, à faire des prédictions et à discuter des illustrations.
- Utilisez les petites encyclopédies visuelles pour enfant : Par exemple l’encyclopédie visuelle des animaux, ou des moyens de transport. L’enfant voit les images et apprend à les nommer. Cela permet d’enrichir son vocabulaire.
- Jeux de devinettes : Les devinettes sont un excellent moyen d'encourager le langage expressif et la pensée critique chez les enfants. Essayez de deviner des objets cachés dans un sac ou un animal auquel on pense, en se basant sur des descriptions.
- Jeux de rôle : Jouer à des jeux de rôle, comme faire semblant de faire du magasinage ou de jouer au docteur, offre de nombreuses opportunités pour pratiquer le langage et développer des compétences de narration.
- Parlez beaucoup à votre enfant : Engagez-vous dans des conversations simples dès la naissance. Même si votre bébé ne comprend pas les mots, l'exposition au langage est essentielle pour son développement.
- Posez des questions ouvertes : Encouragez votre enfant à parler en posant des questions ouvertes qui nécessitent plus qu'une simple réponse oui ou non. Par exemple, "Que penses-tu de cela?" ou "Comment ça s'est passé?"
- Utilisez des gestes et des expressions faciales : Les gestes et les expressions faciales aident à renforcer le langage verbal et peuvent rendre la communication plus engageante pour les jeunes enfants.
- Utilisez des absurdités : Par exemple, racontez votre journée en disant : «Moi j’ai passé une très belle journée à la garderie aujourd’hui, j’ai joué avec mes amis au jeu des blocs». Vos enfants utiliseront le langage pour vous corriger en riant : « Mais non!! Toi tu allais au travail aujourd’hui !! ».