Évaluation Douance
L’évaluation de la douance intellectuelle / haut potentiel intellectuel (HPI)
La douance intellectuelle ou haut potentiel intellectuel (HPI), c’est quoi ?
Les termes « douance intellectuelle », « précocité », «enfant ou adulte surdoué », «haut potentiel intellectuel», ou «HPI» réfèrent tous à la même chose : Une personne dont l’intelligence surpasse de beaucoup celle de la moyenne des gens de son groupe d’âge.
Pour définir la douance intellectuelle, il faut donc d’abord définir ce que l’on entend par «intelligence». Plusieurs théories existent à ce sujet, proposant divers types de capacités cognitives. Par exemple :
Certains distinguent l’intelligence fluide de l’intelligence cristallisée :
- L’intelligence cristallisée : C’est l’ensemble des connaissances que nous avons acquises. Par exemple : nos connaissances académiques, nos connaissances générales, notre vocabulaire pour s’exprimer, notre connaissance des codes et comportements à adopter dans une situation donnée, etc.
- L’intelligence fluide : C’est notre aptitude à utiliser nos connaissances, à faire des liens entre elles, afin de déduire quelque chose de nouveau, ou de créer. C’est la faculté de déduire la logique masquée d’un nouveau problème que l’on rencontre. C’est notre manière de nous adapter à une situation nouvelle ou imprévue.
À cet égard, le grand théoricien Jean Piaget définissait ainsi la capacité cognitive : « L'intelligence ce n'est pas ce que l'on sait, c'est ce que l'on fait lorsqu'on ne sait pas » !
D’autres basent la compréhension de l’intelligence sur le fonctionnement des deux grands hémisphères du cerveau :
- L’intelligence verbale, sous-tendue principalement par l’hémisphère gauche du cerveau : C’est notre capacité à nous exprimer oralement, à véhiculer un message de façon claire et bien structurée et à utiliser un raisonnement logique lors de l’argumentation d’un point de vue. C’est également notre capacité à comprendre des explications complexes, comprendre des métaphores ou des deuxièmes degrés et faire des liens entre ce qui nous est expliqué par un interlocuteur et les connaissances que l’on possède déjà en mémoire.
- L’intelligence visuo-spatiale et visuo-perceptive, sous-tendue principalement par l’hémisphère droit du cerveau : Il s’agit ici de notre capacité à comprendre, par exemple, comment des pièces s’agencent entre elles pour qu’un mécanisme fonctionne, c’est également notre capacité à nous orienter dans l’espace, ou encore notre capacité à anticiper le déplacement des joueurs sur une glace de hockey afin de diriger une passe parfaite sur la palette d’un coéquipier en mouvement.
Les diverses capacités cognitives précédemment mentionnées contribuent à ce que l'on appelle le « facteur G », ou intelligence générale. Ce sont ces éléments qui composent le quotient intellectuel, mesuré par les tests de QI.
À ce jour, l’Ordre des Psychologues du Québec (OPQ) et l’Association Québécoise des Neuropsychologues (AQNP) continuent à reconnaître les mesures classiques du QI comme étant nécessaires au diagnostic de douance / haut potentiel intellectuel.
D’autres formes d’intelligence
Plusieurs autres formes d’intelligence ont également été proposées. Si le sujet vous intéresse, vous pourrez notamment lire sur la théorie des intelligences multiples de Howard Gardner (1983, 1993).
L’auteur parle de huit types d’intelligence et du fait que ces différentes intelligences entraîneraient différents styles d’apprentissage chez les enfants.
Les intelligences multiples de Gardner ne sont pas actuellement reconnues comme faisant partie du diagnostic, parce qu’il n’existe aucun test standardisé pour les évaluer formellement.
Nous n’en parlerons donc pas davantage ici, mais pour votre curiosité, voici les huit types d’intelligence proposés par Gardner :
- Linguistique
- Logico-mathématique
- Spatiale
- Intra-personnelle
- Inter-personnelle
- Corporelle-kinesthétique
- Musicale
- Naturaliste
2% de la population
2% c’est le chiffre à retenir. Pour être considéré comme faisant partie des gens doués intellectuellement, il faut faire partie des 2 personnes sur 100, dans notre groupe d’âge, ayant les résultats les plus élevés aux épreuves classiques de QI. En chiffre, cela correspond donc à un QI global égal ou supérieur à 130.
Bien sûr il y a une marge d’erreur à nos tests et une part de jugement du professionnel qui pose le diagnostic, ce qui fait qu’il y a une certaine (mais légère) flexibilité autour de ce seuil de 130.
Les résultats à l’épreuve standardisée de quotient intellectuel n’est pas la seule donnée dont il faut tenir compte pour un diagnostic de douance, mais elle reste une donnée centrale et essentielle.
Un profil de développement précoce ou atypique et des enjeux au niveau des relations sociales peuvent être d’autres signes par exemple qui seront relevés par le/la professionnel.le, lors de l’anamnèse.
Comment évalue-t-on la douance intellectuelle / HPI ?
Au CERC l’évaluation de la douance est effectuée par un.e neuropsychologue ou un.e psychologue. Cette évaluation comprend quatre étapes :
- L’anamnèse : il s’agit d’une rencontre d’une heure permettant de faire une histoire complète du développement et de la situation de vie actuelle de l’enfant ou de l’adulte que nous évaluons. Cette rencontre se déroule habituellement à distance, en visio-conférence.
- L’évaluation : L’évaluation de la douance se déroule en bureau, sur une journée (5 heures). La personne évaluée passera différentes épreuves (adaptées à son âge) de logique, de raisonnement, de connaissances générales et de résolution de problèmes.
L’évaluation d’autres fonctions cognitives (comme l’attention et la mémoire) est également intégrée au processus afin d’obtenir un profil cognitif complet.
Souvent, un profil de traits de personnalité et d’enjeux émotifs / psycho-affectifs est également dressé afin d’aider le professionnel à bien saisir les différentes forces en action, permettant d’expliquer les situations vécues dans le quotidien de la personne évaluée.
- La correction des tests et la rédaction de rapport : Cette portion du travail effectuée par le/la neuropsychologue ou le/la psychologue se fait dans les semaines qui suivent l’évaluation, sans la présence du client. Les scores obtenus sont comparés à des moyennes attendues et permettent de donner un rang centile (rang parmi 100 personnes d’un groupe de référence) et un score de QI à la personne évaluée. Un rapport détaillé et illustré de graphiques est produit afin d’expliquer les résultats.
- La séance bilan, ou séance d’explication des résultats : Trois à quatre semaines après l’évaluation, le/la neuropsychologue (ou psychologue) rencontre les parents ou l’adulte évalué, afin d’expliquer les résultats et remettre une copie du rapport d’évaluation.
Est-ce un trouble ?
Non ! Et c’est important de ne pas confondre les choses ! La douance n’est pas un trouble, c’est un atout, un facteur facilitant la réussite.
Contrairement à ce qui est parfois véhiculé, dans la majorité des cas, une douance intellectuelle favorise l’apprentissage et la réussite sur le plan académique, et favorise même la réussite sur le plan des relations sociales puisqu’elle permet à l’individu de comprendre rapidement son interlocuteur, de décoder les non-dits, et de comprendre les codes sociaux liés à des contextes spécifiques.
Par contre, le haut potentiel intellectuel peut également entraîner des difficultés chez certains enfants comme chez certains adultes :
- Un développement hétérogène : On remarque souvent que l’enfant doué intellectuellement ne l’est pas nécessairement sur d’autres plans, ce qui surprend. «Il est si intelligent, mais mon dieu qu’il est maladroit !» diront les parents.
Le développement moteur ne semble alors pas suivre le développement intellectuel. Parfois c’est la maturité émotive qui semble accuser un retard, ou encore la maturité sociale.
Ces légers retards apparaissent encore plus significatifs chez ces enfants, parce qu’on les compare à leur intelligence, leur vocabulaire, et leur logique qui sont tous à des niveaux exceptionnels.
- Des difficultés sociales : Dans certains cas des difficultés sociales peuvent être présentes, parce que l’enfant doué a des intérêts plus poussés que ses pairs sur des sujets comme la science par exemple.
Il entre alors difficilement en relation parce que ses pairs le trouvent « bizarre » et différent lorsqu’il parle de ses passions.
De façon similaire, l’adulte doué se retrouvera parfois au sein d’interactions sociales qui ne lui correspondent pas et au sein desquelles il vit un malaise, ou bien les autres vivent un malaise.
- Des comportements d’opposition : L’enfant ayant un haut potentiel intellectuel analyse constamment la logique sous-jacente aux règles et demandes qu’on lui impose.
Souvent, il réagit fortement à l’injustice parce que l’injustice est pour lui illogique. Il peut donc argumenter les règles et les demandes et même confronter l’adulte à ses propres contradictions en faisant des liens entre une chose dite il y a un mois, et une autre chose dite aujourd’hui.
Sans compter le fait que l’enfant doué est outillé d’un riche vocabulaire pour faire des liens, exprimer ses idées et donc pour argumenter!
La douance hétérogène
Au cours des dernières années, le concept de douance hétérogène est apparu et certains professionnels l’ont utilisé afin de multiplier les diagnostics de douance.
En gros, selon cette idée, une personne qui aurait une douance dans une seule sphère de son fonctionnement, par exemple une personne ayant un très riche vocabulaire mais un profil cognitif par ailleurs au niveau de la moyenne, pourrait tout de même bénéficier d’une évaluation de la douance.
Cette conception de la douance a entraîné une multiplication des diagnostics, puisqu’il est assez commun d’être très fort dans au moins une sphère de fonctionnement cognitif. On a tous des forces ! On comprendra enfin qu’au final, si tout le monde est doué, personne ne l’est !
Les bonnes pratiques suggèrent plutôt que, puisque le haut potentiel intellectuel est un diagnostic d’exception, pour qu’il garde son sens, il doit être réservé à des cas d’exception.
On restreindra donc ce diagnostic aux enfants et adultes qui présentent un fonctionnement d’exception dans l’ensemble de leur profil cognitif, et non seulement dans une seule sphère.
Les zèbres
Le terme zèbre en psychologie populaire a été proposé par Jeanne Siaud-Facchin pour qualifier ce groupe d’enfants et d’adultes qui présentent les caractéristiques d’un haut potentiel intellectuel (HPI), et/ou d’un haut potentiel émotif (HPE).
L’analogie avec le zèbre vient du fait que cet animal est différent du cheval de par ses rayures, donc différent des autres.
Cependant, chaque zèbre est unique également en raison de ses rayures qui lui sont uniques. Enfin le zèbre contrairement au cheval ou à l’âne n’a jamais pu être domestiqué par l’humain.
Il n’obéit pas aveuglement aux demandes et n’entre pas dans un moule qu’on lui impose. Intéressant comme image, non ?
On dit de la personne zèbre qu’elle a une pensée foisonnante, qu’elle fait des liens dans plusieurs directions à la fois, qu’elle a une vision globale, qu’elle est capable de solutions créatives et de réflexions qui sortent du cadre.
On qualifie souvent les zèbres de trop intenses dans leur personnalité. Trop exigeants, trop émotifs, trop sensibles, trop dans la réflexion et l’analyse, et parfois trop arrogants.
Bien que le terme zèbre ait été utilisé abondamment en psychologie populaire, il n’est pas utilisé de façon scientifique.
Il regroupe un ensemble de caractéristiques qui ne correspondent pas nécessairement à un groupe scientifiquement identifiable.
Le terme et ses caractéristiques peuvent être intéressants pour fins de discussions et d’échanges, mais ne correspondent pas à un diagnostic ayant une validité scientifique.
Le terme Zèbre ne devrait donc pas être utilisé dans le cadre d’une évaluation ou d’un diagnostic de douance / haut potentiel intellectuel.