Lire des histoires aux tout-petits favoriserait fortement la mise en place du langage
27 août 2015

L’alphabétisation émergente se définit comme une accumulation de compétences, de connaissances et de comportements qui sous-tendent la mise en place de la lecture et de l’écriture. Les données publiées par la Société canadienne de pédiatrie (2012) révèlent qu’un enfant sur quatre n’est pas prêt à entrer à la maternelle à cinq ans. Si jusqu’à 20% des jeunes enfants présenteront une difficulté d’origine neurologique (comme la dyslexie), la majorité d’entre eux est plutôt affectée par un manque de ressource, des problèmes de motivation et/ou de stimulation face à l’apprentissage de la lecture.
Comme de nombreuses études l’ont déjà montré (par exemple, Cates et coll. 2013), les parents sont de loin les premiers et les plus importants enseignants pour les enfants d’âge préscolaire. La qualité de la stimulation, spécialement avant la maternelle, influencerait significativement les résultats académiques par la suite. Dans ce contexte, les livres pour enfants apparaissent un véritable catalyseur dans les liens qui unissent les parents et l’enfant, à un moment où le cerveau est en pleine croissance et incroyablement réceptif aux apprentissages. Les livres fournissent un vocabulaire et une grammaire plus riches, des sujets de conversation plus variés dans les discussions quotidiennes avec les proches. Forte de ces constatations, la société américaine de pédiatrie recommande, d’ailleurs, la lecture d’histoires dès la naissance.
Si chacun s’accorde sur l’importance de cette recommandation, l’impact cérébral de celle-ci n’avait toutefois jamais été mesuré. C’est ce qu’a entrepris de faire le Dr Hutton (MD) et son équipe dans un article publié très récemment dans la revue Pediatrics.
John Hutton a consituté un groupe d’enfants âgés de 3 à 5 ans, certains ayant des lectures plus fréquemment que d’autres à la maison. Ces enfants ont écouté de courtes histoires en même temps que le chercheur leur faisait passer une imagerie cérébrale (IRM). Ce que le Dr Hutton montre très clairement, c’est que plus les enfants sont stimulés à la maison et plus ils utilisent efficacement les zones cérébrales dont dépend le langage. Par ailleurs, les chercheurs ont également montré que les enfants les plus stimulés activaient davantage la partie occipitale du cerveau, importante dans la mise en place de l’imagerie mentale, autrement dit, la capacité à « voir » ce qui est raconté à l’oral. Cette capacité à visualiser l’histoire écoutée influencerait significativement la compréhension, mais aussi la mémorisation. Les enfants les plus habiles dans la visualisation d’histoire passeront plus facilement des livres imagés aux livres sans image comme les romans par la suite.
En définitive, lire des histoires à vos enfants n’est pas seulement une routine agréable avant le coucher par exemple, c’est aussi une préparation fondamentale à l’acquisition de la lecture, de l’écriture et de la compréhension écrite pour les années qui suivront !
Pour approfondir :
L’article du Dr Hutton : Home Reading Environment and Brain Activation in Preschool Children Listening to Stories
Le blogue du Dr Hutton sur lequel vous pouvez retrouver des informations sur l’intérêt de limiter l’exposition aux nouvelles technologies : http://babyunplugged.com
Le document intitulé Favoriser le développement global des jeunes enfants au Québec : une vision partagée pour des actions concertées, est le fruit d’un travail conjoint des ministères de la Famille; de l’Éducation, du Loisir et du Sport; et de la Santé et des Services sociaux, en collaboration avec l’organisme Avenir d’enfants. On y présente la vision gouvernementale du développement des jeunes enfants et des interventions pour le soutenir.